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Historique

L’Association facultaire étudiante des sciences humaines est née de la scission de l’Association générale étudiante des secteurs des sciences humaines, arts, lettres et communications de l’UQAM (AGEsshalc-UQAM) favorisée par l’administration uqamienne. En effet, l’existence même d’une association étudiante à l’UQAM relevait d’une lutte historique pour la reconnaissance du droit d’association des étudiants uqamiens et des étudiantes uqamiennes.

D’entrée de jeu, mentionnons que la fondation de l’UQAM est tributaire de la mobilisation étudiante de 1968 qui revendiquait entre autres choses la création d’une seconde université francophone à Montréal. Or, dès le début, l’université est perçue comme un dépotoir à étudiants et étudiantes peu fortuné-e-s, et est donc nettement sous-financée. Le manque de locaux et la bibliothèque minuscule pousseront les étudiants et étudiantes, alors organisé-e-s en associations modulaires, tout en se rassemblant informellement au niveau uqamien, à revendiquer l’amélioration de la qualité de l’éducation à l’université. Face à l’attitude répressive et anti-syndicale de l’administration de l’université « du peuple », on assiste à l’union de la communauté universitaire (Syndicat des professeur-e-s de l’UQAM (SPUQ), Syndicat des employé-e-s de l’UQAM (SEUQAM)) pour l’amélioration des conditions d’étude, de travail et de vie à l’UQAM. Le comité tripartite (étudiants et étudiantes, professeur-e-s, employé-e-s de soutien) organisera de nombreuses campagnes de mobilisation basées sur une solidarité syndicale réelle qui portera ses fruits.

Les premières tentatives de construction d’une association étudiante pan-uqamienne remontent au début dès années 1970. À cette époque, il apparut primordial pour les étudiants et étudiantes du l’UQAM de transcender le cadre des associations modulaires pour se doter d’un véritable levier d’action. Après une première tentative d’unité face à l’administration, l’Association générale étudiante de l’UQAM (AGEUQAM) était fondée le 11 novembre 1975. Organisation de lutte basée sur le principe démocratique de la souveraineté de l’assemblée générale, avec un conseil exécutif ainsi qu’une plénière inter-modulaire, l’AGEUQAM adhère la même année à l’Association nationale des étudiants du Québec (ANEQ), dont elle deviendra un membre pilier. On assiste au retour du syndicalisme étudiant à la fois à l’UQAM mais aussi dans l’ensemble de la province.

Dès sa fondation, l’AGEUQAM sera de toutes les luttes pour une éducation accessible et une société démocratique. Les premières assemblées générales de l’association adoptent des revendications qui demeurent encore d’actualité aujourd’hui : transformation des prêts en bourses, gratuité scolaire, contre la rentabilisation marchande de l’éduction, etc. Association étudiante de combat, en plus de ses positions progressistes en éducation, elle se caractérise également par son non corporatisme, sa solidarité envers les luttes des autres mouvements sociaux et ses positions proféministes.

Pourtant, l’administration n’apprécie pas l’avènement de cet adversaire de taille et refuse de reconnaître la représentativité de l’association ; l’UQAM cherche à priver les étudiants et étudiantes de leur force de frappe en empêchant la perception automatique des cotisations, en excluant les représentants et représentantes élu-e-s pour siéger sur les instances administratives, et va jusqu’à menacer l’association de saisir ses locaux. Il faut comprendre que l’administration a avantage à maintenir une multitude d’associations étudiantes morcelées et bien souvent divisées afin d’asseoir ses politiques et de profiter de l’autorité symbolique que lui confère son statut général contrairement aux intérêts « sectoriels » des associations étudiantes modulaires. L’AGEUQAM vivra donc ses premières années dans la précarité financière et l’incertitude constante quant à son avenir.

Le début des années 1980 est marqué par la lutte des étudiants et étudiantes uqamien pour la reconnaissance de leur association. De nombreuses actions directes ainsi qu’une série de grèves modulaires sporadiques pousseront l’administration à organiser un référendum d’accréditation pour l’AGEUQAM. Après quelques affrontements sur les modalités du référendum, ce dernier a finalement lieu en novembre 1984 et affirme avec une majorité écrasante la légitimité de l’association générale étudiante.

Toutes ces années sont marquées également par la combativité de l’AGEUQAM, tant au niveau local que sur le plan national : luttes des prêts et bourses en 1978, appui à la grève du module de danse en 1982, appui au front commun syndical en 1983 se succèdent. Avec le retour au pouvoir des libéraux, apparaît la menace tangible d’un dégel des frais de scolarité, maintenus à un même niveau depuis 1968. En 1986, l’AGEUQAM participe à la grève qui, après quelques jours, amène le ministre Ryan à s’engager à maintenir le gel jusqu’en 1989. Elle est également de la grève générale de 1988, amorcée par l’ANEQ en vue d’obtenir des améliorations au régime d’aide financière. La grève est un échec, et alors que l’ANEQ appelle au retour en classe, l’AGEUQAM continue le débrayage quelques jours encore.

C’est toutefois l’échec de la grève de 1990, encore une fois contre le dégel des frais de scolarité (le ministre Ryan étant revenu à la charge), qui marque un véritable tournant pour l’AGEUQAM et le mouvement étudiant québécois en entier. Cette attaque contre le droit à l’éducation s’inscrit dans le contexte plus large de la montée du néolibéralisme et de la chute du bloc de l’Est. C’est l’ère du capitalisme triomphant et, pour certains de ses idéologues, la « fin de l’histoire ». Concrètement, l’échec de la grève contribue grandement à l’émergence des fédérations étudiantes (Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ)) dans le paysage du mouvement étudiant québécois et à la dissolution de l’ANEQ quelques années plus tard. Cette période concorde également avec une baisse du militantisme en général.

L’Association générale étudiante des secteurs des Sciences humaines, Arts, Lettres et Communications de l’UQAM (AGEsshalcUQAM)- le nouveau nom de l’AGEUQAM -, est influencée par ces bouleversements et, malgré sa tradition combative, vient à prendre le tournant « progressiste réaliste » à la mode en s’affiliant à la FEUQ au milieu des années 1990 et en dotant ses élu-e-s de salaires. C’est toute la perspective d’un mouvement étudiant combatif qui est mise au rancart – pour un temps – pour faire place à une approche « concertationniste » des rapports avec le gouvernement.

La grève étudiante de 1996, menée par les associations étudiantes collégiales contre la menace de dégel des frais de scolarité par le gouvernement péquiste et à laquelle l’AGEsshalc ne participera que timidement à la fin du mouvement, constitue cependant un autre tournant pour le mouvement étudiant. À partir de 1997, l’AGEsshalc devient un lieu de débats et de luttes importantes entre la tendance « réaliste-feuqiste » qui contrôle l’exécutif et la frange progressiste combative issue de la grève de 1996, souvent majoritaire en assemblée générale.

Début 2000, les luttes internes au sein de l’AGEsshalc-UQAM n’empêchent pas l’organisation d’une grève pour le Sommet québécois de la jeunesse afin de demander, entre autres, un réinvestissement massif en éducation ainsi qu’une démocratisation du conseil d’administration de l’université.

On assiste au retour en force de la gauche à l’AGEsshallc, confinée depuis la fin des années 1990 à un rôle de surveillance des exécutifs pro-FEUQ d’auparavant. Le mécontentement à l’égard de cette dernière est croissant, et après une tentative infructueuse, l’association désaffiliera de la FEUQ en avril 2001. Le nouvel exécutif de l’AGEsshalc, résolument engagé pour une lutte globale et radicale, organisera la participation au Sommet des Amériques la même année.

Alors que s’amorce une campagne de mobilisation contre la rationalisation des programmes (nombreux cours coupés), les anciens feuquistes mécontents organisent la dissolution de l’association, en collaboration avec l’administration de l’université. Ceux-ci préféreront détruire l’organisation plutôt que de la voir emprunter une voix contraire à leurs ambitions. L’association est dissoute lors d’un référendum entaché d’irrégularités et perdra du même coup sa force de frappe (locaux, cotisations automatiques, etc). On assiste du même coup à la création des associations facultaires, fortement encouragée par l’université.

Le mouvement étudiant uqamien est depuis divisé en sept associations distinctes, division qui depuis profite grandement à l’administration. En effet, la mort de la dernière association générale étudiante à l’UQAM aura entrainé la création de quatre associations facultaires (AFEA-arts, AFELLC-lettres-langues-communications, AFESPED-science politique et droit), dont l’AFESH.

Toutefois, l’AFESH connaîtra des débuts difficiles : l’aile militante, désabusée par la mort de l’AGEsshalc, la déserte massivement. Les premiers administrateurs et premières administratrices refusent de céder le contrôle à l’exécutif élu lors de la première assemblée générale, entrainant un gel des cotisations de la part de l’administration. L’Association est longtemps considérée comme une source de revenus par les associations modulaires, tandis que plusieurs militantes et militants investissent leurs énergies ailleurs, entre autres, en transformant les restes de l’AGEsshalc en une association militante à adhésion volontaire, l’Association syndicale étudiante (ASÉ-UQAM). Cette dernière cessera ses activités en 2003 suite à des conflits internes.

Malgré l’investissement de quelques militants et militantes qui tentent de stimuler l’Association, l’activité mobilisatrice se déplace un temps vers les associations modulaires d’histoire et de sociologie qui mènent à tour de rôle (2002-2003) une grève contre la rationalisation des programmes imposée par les hautes sphères uqamiennes.

À l’hiver 2004, l’adhésion de l’AFESH à l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (voir la section « L’ASSÉ »), marque un nouveau départ pour l’association. C’est dans la perspective assumée de jouer un rôle dans le mouvement étudiant national, tout en prenant sa place au niveau local, mais aussi et surtout dans le contexte d’une large mobilisation contre la réforme de l’aide financière aux études (AFE), que s’est effectuée la relance de notre association.

En effet, la grève générale illimitée de 2005 pour l’abolition de la réforme de l’AFE aura permis de réaffirmer la détermination du mouvement étudiant québécois. À travers cette lutte historique (et le travail y ayant mené un an auparavant), notre association a non seulement renoué avec la tradition du syndicalisme de combat, mais elle s’est également taillée une place importante à l’UQAM et au sein du mouvement étudiant national. Le rôle joué par l’AFESH y fut déterminant, ce qui confirma l’association comme vecteur de la mobilisation uqamienne, voire même nationale.

Ainsi, notre histoire est récente mais fait écho à la longue histoire du syndicalisme de combat au Québec ayant débuté dans les années 60. C’est une histoire riche en luttes dont nous devons préserver la mémoire et que nous devons étudier avec un regard critique pour préparer les luttes à venir pour un changement global de société où la justice sociale, la souveraineté populaire et la solidarité entre les peuples seront maîtres. En tant qu’artisans et artisanes de notre devenir, l’Histoire nous appartient…donnons-lui le sens que nous désirons !

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